Elevage artificiel d'une ponte

by - avril 14, 2020


Le lundi, en vérifiant les tubes de ponte, je découvre une grappe abandonnée au fond d’un tube. Une première, le mâle est-il parti pour une courte durée ou est-ce un abandon définitif ? Ce dont je suis sûr c’est que ce n’est pas signe d’un mâle expérimenté. De plus, il s’agit d’un tube qui n’est pas occupé habituellement. Un bon père ne quitte pas du tout sa ponte. Cela peut même poser des problèmes parfois, car pendant cette période, le mâle ne se nourrit pas. Or, un mâle avec un bon harem, peut avoir plusieurs pontes successives et ne quittera pas son tube pendant plusieurs semaines. Il va s’affaiblir et sa santé va se dégrader.

Toujours est-il que ces œufs, seuls au fond d’un tube, n’ont aucune chance de survie. Le père doit s’en occuper, il les ventile, les nettoie et les trie. Lors de l’éclosion, il aide parfois les jeunes à quitter la coquille.  Sans ce travail, le moindre œuf problématique va contaminer toute la ponte. De plus, ils sont à la merci de prédateurs, y compris des autres hypancistrus. Je décide donc de prendre la relève du mâle, je transvase les œufs dans une petite épuisette que je place juste sous le rejet de la pompe. Les œufs sont alors bien ventilés et j’espère que cela pourra empêcher toute pourriture. Les trois premiers jours, j’injecte une goutte de bleue de méthylène par jour dans l’épuisette afin de la désinfecter (tout désinfectant pour aquarium conviendra).


J+1, les œufs, au nombre 12, semblent tous sains, pas de pourriture. Les œufs sains sont clairs et légèrement transparents. Le fœtus, une tache blanche à l’intérieure, commence à apparaitre. Si certains œufs s’opacifient, comme un voile, cela veut dire qu’ils ne sont pas fécondés. Si une pourriture semble se propager, il faudra essayer d’évacuer les œufs contaminés, sans abimer les autres au moyen d’une pipette ou d’une seringue. Attention, cette manipulation est très délicate, car le moindre dégât causé à un œuf entrainera automatiquement sa perte, si l’un d’eux en contamine un autre, la réaction en chaine peut être très rapide et la ponte totalement perdue en quelques heures. Dans le doute, si l’œuf non fécondé ne pourri pas et ne contamine pas les autres, il est préférable de ne pas toucher à la ponte.


J+2, rien à signaler, les œufs ne pourrissent pas et semblent fécondés


J+3, les larves sortent de l’œuf, il y en a 10. On a l’impression que l’embryon est venu se poser à l’extérieur de l’œuf. En réalité la coquille est transparente et ce qu’on croit être l’œuf est le sac vitellin











J+5, les coquilles sont évacuées, on ne voit pas grand-chose, mais dans une épuisette, on retrouve les coquilles dans un coin, un amas gélatineux. Les larves vont se nourrir du sac vitellin pendant encore quelques jours. Les couleurs commencent à apparaitre, une livrée transparente marbrée de taches noires.







J+7, les larves ont déjà bien grandi. Les premiers jours, la croissance est impressionnante, plus d’un millimètre par jour. Je place la ponte dans un tube de ponte qui est déposé dans un compartiment spécial de l’aquarium. Les jeunes n’ont plus vraiment besoin du courant (qui pourrait même les fatiguer). De plus, le fond du tube est sombre et cela va les rassurer les premières semaines. La livrée est devenue blanche et les lignes noirs apparaissent. A la naissance, le dessin des lignes est encore incertain, il se précisera entre le deuxième et troisième mois. Il s’agit aussi de l’âge à partir duquel, il n’y a presque plus aucun risque de perte. Il s’agit du moment où habituellement, je sépare les jeunes du père. La suite est donc beaucoup moins incertaine.


J+8, les alevins restent au fond du tube de ponte. Le sac vitellin est presque totalement résorbé. Le soir, je commencerai à distribuer une toute petite portion de nourriture (viformo de Sera). Je place une fraction de granulé à l’entrée du tube et j’essaie d’en faire pénétrer une petite quantité dedans. Il ne faut pas en mettre de trop, au risque de polluer le tube et de voir les jeunes le quitter trop tôt. Dans leur tube, ils sont faciles à nourrir, faciles à observer et dénombrer (toujours 10), et surtout rassurés. Le risque de perte à ce stade est déjà quasi nul. Les grands, d’anciennes pontes, rejoignent les jeunes dans le tube. Ce qui confirme une nouvelle fois mes multiples observations, durant leur première année, les Hypancitrsu zebra sont volontiers grégaires, ils vont toujours chercher à se regrouper. Mais à presque deux mois, les plus grands vont voyager plus alors que les jeunes resteront 24 heures sur 24 au fond de leur tube.

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